6. Que pensent du choix du sexe de l’enfant les faiseurs d’opinion ?

Les autorités religieuses.
Aucune des religions, sauf la religion catholique, ne s’oppose vraiment au choix du sexe de l’enfant s’il s’agit d’établir un équilibre au sein de la famille, et surtout si le motif est de s’assurer la naissance d’un descendant mâle pour perpétuer la lignée. Le confucianisme, l’hindouisme s’en accommodent fort bien, on le voit dans les pays d’Asie. La Loi juive fait obligation à un homme, pour satisfaire à son devoir de procréation, d’avoir au moins deux enfants. Tant pour l’obédience Beit Shamai que pour la doctrine Beit Hillel, il est nécessaire d’avoir au moins un garçon [14]. Il est donc légitime d’avoir recours si nécessaire à toute méthode, y compris médicale, le tri des spermatozoïdes et le diagnostic préimplantatoire sur les embryons en tout cas, pour choisir le sexe de l’enfant. La religion musulmane approuve aussi la sélection du sexe par choix personnel, et donc les moyens afférents, afin de mettre au monde au moins un garçon et une fille. Seule l’Église catholique s’y refuse obstinément, récusant tout d’un bloc les raisons médicales et non médicales. La morale des religions est empreinte de métaphysique et ne saurait donc se confondre avec l’éthique qui, sans se laisser influencer, réserve son jugement.

Les généticiens.
Les généticiens, qui effectuent les tests, accepteraient-ils de les utiliser pour choisir le sexe de l’enfant à venir sans raison médicale, pour convenance personnelle ou par contrainte sociale ? Une enquête internationale auprès des spécialistes [15] indique que la réponse serait oui pour 34 % des généticiens aux États-Unis, 68 % en Israël, 62 % à Cuba, 39 % au Pérou, 39 % au Brésil, 38 % au Mexique, 52 % en Inde, 60 % en Hongrie, 29 % en Grèce. D’ailleurs, un sur deux avait été saisi d’une demande personnelle de sélection du sexe. L’ont-ils satisfaite ? L’enquête ne le précise pas.

Les membres du clergé et les spécialistes de l’éthique [16].
Des professionnels de santé, des spécialistes de l’éthique, des membres du clergé, protestants, juifs et catholiques, tous susceptibles de se voir confrontés à cette situation, ont été interrogés sur la question de la sélection du sexe de l’enfant pour des raisons non médicales. La grande majorité ont répondu qu’ils y étaient opposés. La sélection du sexe leur a paru contraire à l’éthique.

L’opinion du public.
Les deux enquêtes d’opinion les plus informatives concernant la sélection du sexe de l’enfant pour convenance personnelle ont été conduites en Allemagne et en Grande-Bretagne en 2003. Les résultats détaillés sont exposés un peu plus bas. Globalement, en Allemagne 92 % des couples interrogés ont répondu qu’ils n’envisageraient en aucun cas l’usage des techniques médicales, ou d’autres d’ailleurs, pour prédéterminer le sexe de leur enfant. En Grande-Bretagne l’enquête a été menée pour le compte de la Haute autorité en reproduction humaine, la HFEA, Human Fertility and Embryology Authority, qui devait statuer sur la légitimité de l’usage des techniques médicales pour les indications non médicales de sélection du sexe de l’enfant. À une proportion de plus de 70 %, les personnes interrogées ont répondu qu’elles considéraient ce choix personnel de l’enfant comme inapproprié, que seules les indications médicales justifiaient l’emploi des techniques de sélection du sexe, que le tri des spermatozoïdes ne devait se pratiquer que sous contrôle de la HFEA, avec les mêmes indications médicales que le diagnostic préimplantatoire sur les embryons [17]. En 2004, la HFEA a donc introduit dans son Code de Pratique l’interdiction, qui fait force de loi en Grande Bretagne, de la sélection du sexe pour des raisons de convenance personnelle. Les passions se sont aussitôt de nouveau déchaînées, rallumant le débat éthique.

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